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L'ACCORD


 Sans rentrer dans une explication à savoir comment le technicien procède à l'accord d'un piano, je vais vous montrer quels sont les intérêts majeurs de l'accordage de votre instrument.

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• La justesse

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 La justesse n'est pas qu'une convention. C'est un langage commun entre les différents instruments. A partir d'une note de référence telle que le « La 440Hz » pour les musiques actuelles, ou le «La 430Hz» en musique baroque, on établit un tempérament qui correspond à la construction de l'accord. Par exemple, actuellement, les pianos sont accordés en tempérament dit « égal » qui divise la gamme en 12 demis­ tons égaux, permettant de jouer dans toutes les tonalités. Ainsi, à partir du « la » de référence, l'accordeur réduit légèrement les quintes et agrandit un peu plus les quartes, afin d'obtenir des tierces et des sixtes majeures progressives et des octaves justes.

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• Le timbre

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 Le timbre se travaille à l'accord en fonction de la façon dont seront accordés les unissons. Un unisson est un ensemble de cordes accordées à la même fréquence. Il faut savoir que dans un piano, le plus souvent, les unissons des médiums et des aigus sont composés de trois cordes, et ceux des basses de deux cordes. Les unissons se doivent d'être d'une régularité constante, sans quoi le timbre du piano sera inégal et désagréable. Le phénomène naturel du désaccord d'un unisson rend le son du piano nasillard, voire métallique. C'est là encore que l'accord prend tout son intérêt : Dans l'égalisation du timbre de l'instrument.

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• L'équilibre des tensions

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 L'accord, entretenu régulièrement, contribue à l'équilibre des tensions de l'instrument. Un piano dispose d'une moyenne de 220 cordes tirées à 700N chacune, ce qui nous fait environ 15 tonnes de traction. Cette tension doit être répartie sur l'ensemble de l'instrument, et c'est pourquoi il est important de faire accorder son piano un minimum d'une fois par an, voir tous les 6 mois. En effet, le désaccord entraîne un déséquilibre, et il est difficile si le piano n'a pas été accordé depuis plusieurs années, de retrouver cet équilibre : Il faudra plusieurs accords pour rétablir la tension sur l'ensemble de l'instrument. De plus, plus l'entretien est courant, mieux l'accord tient dans le temps, car l'équilibre est stabilisé.

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• La fréquence d'entretien de l'accord

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 L'accord se déséquilibre à chaque changement de température ou d'hygrométrie. Il est ainsi indispensable de faire accorder son piano à chaque changement de saison, soit tous les 6 mois, quelques temps après avoir mis le chauffage, et après l'avoir coupé. Par ailleurs, si vous déménagez un piano d'une pièce à une autre n'ayant pas tout à fait la même température ou la même hygrométrie, il faudra faire accorder le piano peu de temps après, afin de le stabiliser là où il est. 

 

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LES REGLAGES​

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 Il s'agit de différentes opérations effectuées sur la mécanique de l'instrument. Cette mécanique est composée principalement de bois et de feutre, si bien qu'elle se dérègle dans le temps avec les variations d'hygrométrie et de température, mais aussi avec l'usure due à la fréquence de jeu. Pour obtenir un instrument homogène et précis dans le toucher, il est impératif que cette mécanique soit bien réglée. Le réglage diffère entre un piano droit et un piano à queue.

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• Le piano droit

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 Il y a au total 8 points de réglage différents sur le piano droit. Chacun de ces réglages demande un certain temps, variant en fonction de la fréquence d'entretien de l'instrument, puisqu'il est évident que plus la mécanique est entretenue, moins il y aura de travail à rectifier les réglages.

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Mise sous le nez

 Il s'agit de la mise en contact des pièces composants la mécanique. Cela se règle au pilote situé en bout de touche : s'il est trop enfoncé, le contact ne se fait pas suffisamment et nous aurons un ressenti de « jeu » dans la clavier, alors que s'il est trop relevé, les pièces appuieront les unes contre les autres, et nous aurons à la fois une usure prématurée des feutres de mécanique, mais aussi des problèmes de répétitions de note, voir un dysfonctionnement complet du mécanisme.

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Dressage du clavier

 Il s'agit d'égaliser la hauteur des touches en ajoutant des mouches en papier de différentes épaisseurs (0.08, 0.13, 0.2, 0 .25, 0.3, 0.4, 0.5, 1mm) au niveau des pointes de balancier afin d'obtenir un clavier parfaitement plan pour avoir un point de départ identique entre chaque touche en début de course de l'ensemble du système mécanique.

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Enfoncement

 Il s'agit d'égaliser la profondeur de course de la touche, (souvent 10mm d'enfoncement). On procède de la même façon que pour le dressage avec des mouches en papier que l'on dispose ici au niveau des pointes d'enfoncement. 

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Échappement

 Le cœur du réglage. Il s'agit du point auquel le pianiste perd le contrôle de la mécanique lorsqu'il joue une note. Cette perte de contrôle se fait le plus souvent à 2mm de la corde, autrement dit le plus près possible de la corde pour garder le contrôle de la mécanique le plus longtemps possible tout au long de la course, afin de ne pas perdre l'énergie transmise par le pianiste, rester fidèle à la nuance qu'il a voulu jouer, et préciser le pianissimo. Si l'échappement se trouve trop près de la corde, le marteau ne se dégage pas de la corde et vient la coller, ce qui donne un son nasillard, très court, étouffé par le marteau lui­-même. Tandis que si l'échappement est trop loin, le pianiste perdra le contrôle trop tôt et perdra en précision dans ses nuances, réduisant surtout les capacités à jouer pianissimo : le marteau n'atteint parfois même pas la corde.

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Attrapé

 Il s'agit de régler la distance à laquelle le marteau se fera attraper en fin de course, juste après l'échappement, afin de ne pas rebondir plusieurs fois sur la corde.

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Départ collectif des étouffoirs

 Il s'agit de faire partir ensemble tous les étouffoirs lorsque le pianiste utilise la pédale forte. Si ce départ collectif est déréglé, nous aurons lors du relâchement de la pédale forte, chaque étouffoir qui étouffera les cordes les unes après les autres, donnant une imprécision rythmique et un son inconfortable. Toutes les notes doivent être étouffées précisément en même temps.

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Départ individuel des étouffoirs

 L'étouffoir, pour fonctionner correctement, doit partir à mi­-course du marteau vers la corde. Si les départs sont irréguliers, nous retrouverons une irrégularité dans le poids des touches, puisque le système de l'étouffoir donne une sensation de contrainte dans le toucher en terme de poids : le doigt rencontre quelques grammes supplémentaires lors du contact entre la cuillère et le taquet d'étouffoir.

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Réglage des pédales

 La pédale forte doit faire partir les étouffoirs à 1/3 de sa course. La pédale dolce doit être en contact direct avec la mécanique, sans brider la chasse (distance marteaux­-cordes) et rapprocher les marteaux suffisamment des cordes. La pédale de sourdine doit tout simplement fonctionner sur l'ensemble du clavier, à savoir est­-ce que la bande de feutre se place bien partout entre les marteaux et les cordes. Ces différents réglages s'effectuent au niveau de la tringlerie située dans le bas du meuble du piano, permettant la transmission de la pédale à la mécanique. 

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• Le piano à queue


Il y a 11 points de réglage sur le piano à queue.

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Le positionnement des bâtons d'échappement en deux étapes

 Il s'agit, à l'aide de petites vis placées sur les chevalets de mécaniques, de régler de manière optimale la position des bâtons d'échappement, avant d'entamer les réglages, pour permettre un développement limpide lors de la frappe. Le bâton est placé en deux étapes : d'abord, sous le rouleau, pour permettre l'optimisation de la poussée lors du développement, puis par rapport au chevalet, pour permettre un repositionnement propre en fin de course, et une meilleure répétition.

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Les dômes

 Les dômes sont réglés afin d'être en contact avec le plateau du fond du piano, pour que l'ensemble du châssis repose bien sur celui­-ci.

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La chasse

 Il s'agit de régler la distance entre les marteaux et les cordes, individuellement pour chaque marteau, à 47mm en moyenne suivant les pianos.

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Dressage du clavier

 cf piano droit Enfoncement : cf piano droit

 

Échappement

 cf piano droit

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Rechute

 Il s'agit de la particularité du mécanisme du piano à queue : le système de double échappement. En effet, après l'échappement, le marteau retombe à 4mm de la corde, retenu par le levier de répétition, et peut ainsi venir percuter la corde à nouveau, ce qui permet concrètement de pouvoir répéter la note sans avoir à ré-armer entièrement le mécanisme, c'est-­à-­dire sans avoir à remonter la touche jusqu'au point de départ.

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Attrapé

 cf piano droit

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Ressort

 Il s'agit de régler la force du ressort du levier de répétition afin que le marteau remonte vers la corde après l'attrapé de manière naturelle, sans trop de vitesse pour ne pas venir percuter sans contrôle la corde, mais avec suffisamment de force pour pouvoir faire remonter le marteau comme jusqu'au point de rechute pour pouvoir répéter la note avec précision.

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Réglage collectif et individuel des étouffoirs

 cf piano droit

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Réglage des pédales

 La pédale forte se règle de la même façon que sur le piano droit. Cependant les autres pédales n'ont pas la même fonction : la pédale de gauche dite « unacorda » permet d'atténuer le son en décalant l'ensemble de la mécanique sur la droite de sorte à ne faire frapper le marteau que sur deux cordes sur trois pour les médiums et les aigus, et une corde sur deux pour les basses. Tandis que la pédale du milieu dite « tonale » sert à créer un sustain sur une note ou un ensemble de note voulu sans pour autant les maintenir, permettant de jouer d'autres notes de manière ponctuelle.

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 Le réglage doit être parfaitement régulier et précis pour pouvoir offrir au pianiste toutes les capacités de la mécanique, permettant ainsi de jouer avec précision toutes les nuances, en offrant vélocité et virtuosité. 

 

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L'HARMONISATION

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L'harmonisation se travaille en différents points :

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 Au niveau de la densité du feutre du marteau : si le son du piano est trop brillant ou trop métallique, le technicien vient piquer les têtes avec des aiguilles afin d'aérer la densité du feutre du marteau pour obtenir un son plus rond.

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 Le technicien vérifie constamment en parallèle la qualité de ses unissions, et la portée, qui correspond à la planéité entre le point de frappe et la plan de corde. Soit le marteau peut être marqué par les cordes, si bien il faut le poncer pour retrouver cette planéité, soit les cordes peuvent ne pas être alignées sur le même plan : il faut donc les tirer ou les pousser. Si la portée n'est pas bonne, elle gêne l'écoute par un son souvent nasillard, voire métallique, qui ne se résout pas au piquage du marteau. 

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